Dans le paysage rapologique, les featurings franco-américains ne sont pas toujours une réussite comme en Normandie. Une comparaison maladive en France ? Une différence culturelle impossible à faire cohabiter ? Quoi qu’il en soit, retraçons les époques pour comprendre…
Pour analyser la situation rien de tel que de voyager dans le temps. Ça n’a pas toujours été l’amour fou entre les deux premiers pays hip-hop du monde. Notre bon vieux Rohff a fait rimer 2004-2008 avec ce rapport de forces. En 2007, il lâche sur un morceau avec Ikbal et Seyfu : « On est en France ici, fuck 50 cent, nique ta mère 50 cent » NDLR : la même année, il fait la première partie de 50 Cent à Bercy…
Bien que certains groupes ou rappeurs comme IAM ou Ol’kainry ne s’empêchent pas de collaborer avec Methode Man et Red man ou Raekwon, cette phrase de Rohff est significative du climat de l’époque. Mais voilà qu’en 2009, le rappeur montant du moment Youssoupha, dégaine « L’Effet Papillon » et cette line qui a eu le mérite de faire réfléchir le game :
« Tu fais du rap mais tu fuck les states pathétique, où t’a vu un reggae-man d’ici qui nique la Jamaïque »
Comme un symbole, Maitre Gims était présent sur ce titre. À savoir : en 2009, Gims et sa Sexion étaient encore rue Milton à freestyler sur des face B. Sexion d’Assaut c’est le renouveau d’un rap, un nouveau souffle qui a donné la couleur du rap d’aujourd’hui. Plus américain, mieux produit, plus ouvert, plus chanté… Une réduction de l’écart de tout ce qui nous différencie du continent créateur de notre culture hip-hop.
Aujourd’hui tout s’est métamorphosé. Les USA sont la source d’inspiration pour beaucoup de nouveaux rappeurs. Bien que beaucoup ne s’en cachent pas, certains n’hésitent pas à en calquer les codes. Top lines simplifiés, visuels codéïnés et styles décomplexés, une tranche du paysage rapologique français ne prend pas la peine de faire valoir les forces de leur culture pourtant bien plus forte et influente aujourd’hui qu’il y a 10 ans : époque où nous revendiquions notre chauvinisme rap. Un phénomène explicable par l’évolution du business, le manque de temps et la multiplication des artistes. Aujourd’hui mieux vaut faire vite, efficace, accessible. Les US sont à la France une vitrine de ce qui fonctionne. Pas seulement bien évidemment.
Selon vous, quels sont les facteurs des phénomènes observés ?
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